Au cours des dix dernières années, le marché européen du self-stockage a connu une transformation profonde. Longtemps dominé par des acteurs indépendants aux structures locales, il s’est progressivement hissé au rang d’actif immobilier institutionnel, attirant capitaux, innovations technologiques et stratégies de développement ambitieuses.
Cette évolution, confirmée par les analyses de Savills, reflète un mouvement de fond : le self-stockage n’est plus un simple « service de proximité », mais un segment à part entière de l’immobilier commercial, en voie de maturité.
Historiquement, le self-stockage en Europe était un marché atomisé, contrôlé par une multitude de petits opérateurs locaux. L’offre était limitée, la culture du self-stockage encore émergente et les modèles économiques assez rudimentaires.
Mais le paysage a radicalement changé.
Selon Savills, le nombre de centres de self-stockage en Europe (hors Royaume-Uni) est passé d’environ 1 716 en 2012 à plus de 6 000 en 2023, soit une progression de près de 250 %.
Au Royaume-Uni, marché le plus mature d’Europe, le secteur compte aujourd’hui plus de 2 000 sites.
Cette montée en puissance ne doit rien au hasard : elle résulte d’une professionnalisation rapide, soutenue par une demande croissante et plus stable qu’attendu.
Contrairement aux idées reçues, la demande en self-stockage ne dépend pas seulement des « aléas de la vie » (déménagements, séparations, travaux…).
Elle repose surtout sur des tendances profondes et durables, qui touchent à la manière dont on vit, travaille et consomme en Europe.
Les grandes capitales européennes — Paris, Amsterdam, Madrid, Berlin — voient la taille moyenne des logements diminuer.
Moins d’espace chez soi = besoin accru d’espace ailleurs.
Télétravail et mobilité professionnelle favorisent la nécessité de stocker équipements, mobilier, archives ou marchandises.
Le self-stockage devient une solution flexible et économique pour :
Les PME et micro-entrepreneurs représentent aujourd’hui près de 30 à 40 % de la clientèle selon les marchés.
Le self-stockage a cessé d’être perçu comme un « service utile en cas de crise » pour devenir un espace pratique, flexible et durable.
Le changement le plus spectaculaire vient de l’intérêt croissant des investisseurs professionnels.
Pourquoi un tel attrait ?
Le self-stockage offre :
Résultat : les fonds d’investissement et REITs y voient un actif défensif, peu corrélé aux cycles économiques traditionnels.
Cette arrivée de capitaux accélère :
L’Europe rattrape ainsi le modèle américain, très institutionnalisé depuis longtemps.
Avec des acteurs plus structurés, le self-stockage adopte désormais des standards dignes de l’hôtellerie ou de la logistique urbaine.
Les centres modernisés intègrent désormais :
Les enseignes travaillent sur :
Le self-stockage devient un produit premium, pas seulement un local métallique de dépannage.
Malgré cette dynamique, le développement rapide du marché soulève plusieurs enjeux.
L’arrivée d’acteurs institutionnels augmente la compétition dans les grandes villes, ce qui peut créer une tension sur les prix.
Trouver des sites bien localisés, dans un contexte urbain dense, devient un véritable défi — tant en termes de coût que d’autorisations administratives.
L’automatisation exige des investissements importants que les petits opérateurs ont parfois du mal à suivre.
Si le secteur se professionnalise, il reste encore largement sous-pénétré dans de nombreux pays européens, notamment en France.
Comparé aux États-Unis ou au Royaume-Uni, l’offre est encore faible par habitant.
Conséquence : de nombreuses zones restent à couvrir avec un potentiel important pour les entrepreneurs bien préparés.
Les nouveaux entrants peuvent se distinguer grâce à :